The Game Changers (netflix) : manger végan, l’alimentation ultime pour l’Homme ?

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 The game changers, traduisez Le jeu a changé”, est un film documentaire américain sorti en septembre 2019 sur Netflix. Il a été réalisé par Louie Psihoyos, et produit, entre autres, par des grands noms du cinéma et du sport, comme James Cameron, Arnold Schwarzenegger, Jackie Chan, Lewis Hamilton, Chris Paul et Novak Djokovic. Son objectif est de nous prouver qu’une alimentation exclusivement végétale (sans viande et sans produits animaux donc) augmente considérablement nos performances sportives et favorise une meilleure santé, entres autres.

Si l’objectif du film est salutaire,  car il vise une prise de conscience alimentaire, The games changers perturbe aussi en usant de procédés trompeurs et malhonnêtes. C’est bien dommage ! Si des informations sont justes et scientifiquement prouvées, il y a également un bon nombre d’études sur lesquelles le documentaire s’appuie, qui sont, soient financées (en partie ou en totalité), ou soient interprétées et orientées (partiellement) à des fins subjectives. Les procédés font d’ailleurs penser à ce que l’industrie agro-alimentaire du lait avaient utilisé pour nous vendre la consommation des produits laitiers comme élément incontournable d’une bonne croissance et santé articulaire. Puis on s’est rendu compte que la consommation de lait n’était pas du tout obligatoire, et qu’elle pouvait même avoir des effets néfastes pour la santé.

Il est vrai que notre alimentation influence la densité minérale de nos os. Ainsi, une personne qui consomme beaucoup de légumineuses n’aura pas la même composition osseuse qu’une personne proche d’une alimentation paléo (produits bruts non transformés: viandes, poissons, œufs, fruits, légumes). Cette information est vérifiable des siècles à des millénaires plus tard. On peut donc connaître l’alimentation d’une personne en fonction de se composition squelettique.

Manger végétarien donne des os solides ?

D’après le reportage, une alimentation végétale donne des os costauds. Cette conclusion s’appuie sur l’analyse de squelettes de gladiateurs romains identifiés en Turquie, révélant qu’ils étaient végans, et que leurs squelettes étaient d’une densité osseuse impressionnante. Or, l’étude sur laquelle le documentaire s’appuie, indique uniquement que les gladiateurs retrouvés avaient une alimentation à prédominance végétale, ce qui ne veut pas dire exclusivement végétale. L’étude révèle également que les gladiateurs n’avait pas un seule et unique mode d’alimentation, mais que selon l’endroit où ils se trouvaient, il y avait une consommation de produits animaux qui étaient plus ou moins importante. Par exemple, lorsqu’ils étaient proches de la mer, ils mangeaient davantage de poisson.

De plus, si l’alimentation influence la densité minérale, c’est surtout vrai chez les jeunes, et pendant la petite enfance. C’est pourquoi on nous a vendu le lait comme un super apport en protéine et calcium, pour soutenir la construction osseuse. Or, on s’est rendu compte plus tard qu’un apport trop important pouvait créer l’effet inverse et favoriser l’ostéoporose … Par ailleurs, si on regarde de plus près dans quels cas la densité minérale osseuse est élevée, on tombe invariablement sur le même type de personne: les haltérophiles et pratiquants de sports de force comme le powerlifting, les pratiquants de musculation sans dopage, les gymnastes … De fait, que vous soyez vegan ou pas, c’est plutôt le fait de déplacer des charges lourdes, ce qui va engendrer des contraintes musculaires et squelettiques très importantes, qui va favoriser une densité osseuse élevée. Et non l’alimentation.

Les gladiateurs n’avaient pas le physique du héros de Gladiator !

Enfin, les gladiateurs devaient être imposant physiquement, pas uniquement musclés, notamment pour limiter la gravité des blessure sur les attaques au couteau, au glaive, etc. Ce qui veut dire qu’ils étaient aussi gras/volumineux. Ils consommaient donc énormément de glucides et multipliaient les repas pour les aider à prendre du poids, comme le font les sumos aujourd’hui. Pas de super physique donc, comme le cinéma américain nous le vend dans des films comme Gladiator ou 300. Le film Spartacus sorti en 1960 et réalisé par Stanley Kubrick est beaucoup plus authentique sur l’aspect physique que pouvait avoir le gladiateur ou le spartiate.

Pendant longtemps, la viande a été mise en avant comme un vecteur de force, de performance sportive et de virilité. Aujourd’hui on sait que cela est faux. Dans le documentaire Netflix, ils nous disent exactement l’inverse: il faut manger du végétal pour être fort et performant !

Le régime végétal: une répartition des macronutriments spécifique

Plus tard dans le documentaire, une athlète cycliste, Dotsie Bausch, nous explique que son changement d’alimentation lui a permis d’exploser ses records de vitesse et de performance en musculation (140kg à 260kg à la presse à cuisses). Elle nous dit également qu’elle est beaucoup moins fatiguée, qu’elle se sent en forme olympique. Bref, c’est devenue une véritable machine à records depuis qu’elle est passée à une alimentation végétale (vegan ou végétarienne, on ne sait pas).

Mais, admettons que c’est uniquement grâce aux fruits et aux légumes qu’elle ait explosé ses performances. L’explication nutritionnel que nous pourrions avoir est qu’elle n’aurait pas simplement modifié la source de ses protéines. Elle aurait changé la répartition de ses macros (glucides, lipides et protéines) et consommer davantage de glucides que de protéines. Elle devait probablement consommer beaucoup trop de protéines par rapport à son activité et pas assez de glucides. Et en passant à une alimentation végétale, elle a naturellement augmenté sa consommation de glucides, et donc son niveau d’énergie. En effet, lorsque l’on réduit une source de macronutriments, on augmenta forcément une autre source. Quand on diminue l’apport en protéines, on augmente très généralement l’apport en glucides.

Manger comme un herbivore et être costaud comme un bœuf: possible ?

Un autre argument, plutôt malhonnête, est avancé par un médecin nutritionniste, et repris par 2 athlètes de sports de force, un haltérophile et un strongman. Selon eux, ils n’ont pas spécialement besoin de manger de produits animaux car les herbivores, eux, sont costauds et ne mangent pas de viande. Effectivement, la vache ou le bœuf, par exemple, obtiennent les protéines de l’herbe par un processus de fermentation poussée qui leur permettent d’assimiler les nutriments de l’herbe. Et c’est également exact pour les autres végétaux comme les plantes. Mais notre tube digestif est différent de celui des ruminants et de celui d’animaux plus proches avec qui on aime bien nous comparer, comme les singes ou les gorilles. Nous n’avons pas le même système digestif: chez nous, le petit intestin est long et le colon petit, alors que chez eux, c’est l’inverse. Le colon sert de couloir de fermentation. De fait, les chimpanzés ont une alimentation exclusivement végétale, à base de feuilles, avec beaucoup de fibres, d’où un colon très long et un petit intestin. Ils ont un système de fermentation bien plus poussée que nous, puisque leur alimentation nécessite une longue fermentation pour capter les nutriments: leurs apports caloriques (graisses, protéines, glucides) sont dérivés de la fermentation des feuilles qu’ils consomment. Donc, l’argument avancé selon lequel les ruminants sont costaux sans manger de viande, et que nous devrions faire de même, n’a pas lieu d’être et ait totalement hors de propos … !

L’alimentation végétale naturelle ne peut être la seule source de performance

Finalement, pour les 3 athlètes précités, dont on nous vante les performances sportives, on peut légitimement penser au dopage comme principale responsable de l’explosion de leurs performances sportives, qui dans le monde du haut-niveau est monnaie courante. Il ne faut pas être naïf. Vouloir nous faire croire que c’est le changement à une alimentation végétale (exclusive ou non d’ailleurs, on ne sait pas) qui leur a permis de décupler leurs capacités physiques ou de gagner des médailles, est un procédé assez malhonnête ! D’autant que pour les sports de force, les besoins en créatine et en bêta-alanine (que l’on retrouve dans la viande uniquement) et en protéines sont très importants. Et c’est la raison pour laquelle les athlètes des sports de force, qui « se disent » végétariens, doivent se supplémenter à la fois en protéine végétale (de fait ce n’est donc pas une alimentation végétale naturelle puisque la protéine en poudre n’existe pas dans la nature et est un produit transformé), ainsi qu’en créatine entres autres.

Ayez en tête que les athlètes sont dans 99% dopés pour atteindre ce niveau de performance et battre de nouveaux records, ils ne se nourrissent pas exclusivement de produits végétaux naturelles (sans transformation), et les pratiquants de sports de force ne peuvent pas avoir une alimentation végétale exclusive car leurs organismes ont besoin de certains nutriments. C’est là le mécanisme mensonger du documentaire, qui peut tromper aisément un public non averti, faire croire qu’il est possible d’atteindre leur niveau physique et de performance uniquement grâce à l’alimentation végétale.

Plus loin dans le reportage, un médecin nous explique l’étude qu’il a mis en place afin d’évaluer la qualité du sang en fonction de l’alimentation. L’étude est la suivante: 3 footballeurs américains doivent manger des buritos avec et sans viande avant analyse sanguine. Sauf que, l‘un des 3 cobayes a déjà une alimentation végétale, alors que les 2 autres ont des comportements alimentaires à l’américaine, avec beaucoup de junk food.

Nos habitudes alimentaires influencent la qualité sanguine

Un premier repas est servi avec des buritos au porc, un second avec du poulet, puis le dernier buritos est sans viande.  Une prise de sang est effectuée 1h après chaque repas, puis le sang est passé à la centrifugeuse pour observer l’état de lendothélium: l’endothélium est la couche la plus interne des vaisseaux sanguins, celle en contact avec le sang, qui permet aux vaisseaux sanguins de se dilater.

On nous montre alors à l’écran le résultat dans des éprouvettes. Après le buritos sans viande, c’est là que le sang est le plus clair pour les 3, mais le sang du cobaye vegan est bien plus clair que celui des 2 autres pour lesquels le sang est trouble (il semble même malade !). Le problème, c’est que l’état de cette couche vasculaire n’est pas fonction de ce que l’on a mangé juste avant, mais elle est le résultat de beaucoup de choses accumulées (des études indépendantes existent à ce sujet). Les cobayes dont le sang est pourpre ont une alimentation junk food tandis que le cobaye au sang clair a une alimentation végan. La qualité de leur sang est donc due à leur comportement alimentaire, et pas au repas pris 1h avant. Le procédé est donc encore une fois trompeur, puisqu’on compare une personne qui semble avoir une alimentation plutôt saine avec deux autres qui ont un mode de consommation industrielle. Et puis, manger de la viande n’est pas la même chose que de manger de la junk food. Mais nous y reviendrons plus tard. Par ailleurs, les études que citent le médecin dans le film sont financées par un organisme producteur d’avocats … Simple hasard ?

Une stimulation mécanique de l’érection grâce aux végétaux

Pendant très longtemps, on a assimilé la virilité et la force à la consommation de produits carnés. Dans le reportage, c’est le même procédé qui est utilisé. En plus de la prise de sang, après chacun des repas, les cobayes ont dû passer la nuit avec un appareil servant à mesurer les érections nocturnes. La fréquence des érections des 3 cobayes a augmenté de 300% à plus de 500% la nuit suivant le repas sans produit animal, comparée aux nuits où les cobayes ont mangé de la viande ! L’urologue nous explique que son étude n’a pas encore été validée scientifiquement … On se demande pourquoi ! Les érections pendant la nuit dépendent de beaucoup de facteurs et varient donc énormément. Cela dépend, entres autres, de votre état de fatigue, de votre niveau d’hydratation avant le coucher (si vous avez beaucoup bu ou pas), et de la prise d’un repas ou non (mais pas du contenu).

Que des végétaux, moins de risques cardio-vasculaires ?

Il existe en effet chez les personnes en mauvaise santé, de potentiels risques cardio-vasculaires liés à la qualité de cette endothélium justement et à ce phénomène de ponctualité (remis en cause plus haut) entre la prise d’un repas trop copieux, trop inflammatoire, et un accident vasculaire cérébral (AVC). Même s’il existe encore peu d’études sur le sujet, ces études recommandent de prendre le sujet au sérieux. Mais il faut qu’il y ait un environnement, un contexte favorable à  ce risque, qu’un ensemble de circonstance soient réunies, c’est à dire que l’on ait des vaisseaux sanguins qui soient en mauvaise santé, parce que l’on fume, que l’on ne fait pas de sport, que l’on mange mal au quotidien, etc. … Donc il ne faut pas résumer cela à un seul repas mais plutôt à un mode vie !

Si la science s’accorde sur le fait que c’est plutôt une alimentation avec beaucoup de végétaux qui protège des maladies cardio-vasculaires, il n’est en aucun cas question d’une alimentation exclusivement végétale. Et c’est pourtant ce que le reportage nous dit: les études affirment que si on ne mange que des végétaux, nous n’aurons pas de maladies cardiaque, mais c’est faux. Ce que les études citées dans le film indiquent, c’est que l’on a moins de maladies cardiaques quand on mange beaucoup de végétaux et que l’on a une bonne alimentation. Mais elles ne disent en aucun cas qu’il ne faut pas manger de viande …

En conclusion

Le fondement d’une alimentation saine est liée au degré de transformation. Plus un aliment est transformé, plus il est altéré, plus il y a d’additifs et plus il est cuisiné de façon industrielle. Que l’aliment soit végétal ou non, il peut être nocif pour la santé s’il n’est pas naturel. Une alimentation composée de produits bruts, sans transformation ou très faiblement transformé, sera toujours meilleure pour la santé et les performances physiques qu’une alimentation végétale transformée. C’est donc moins la consommation de produits animaux ou non qui doit nous intéresser, mais davantage la qualité et la naturalité des aliments que nous consommons.

Il apparaît que l’Homme a été à sa toute origine un chasseur-cueilleur opportuniste. L’évolution de l’Homme a fait que nous avons consommé davantage de protéine animale, et ce jusqu’à 90% de nos apports journaliers pendant plusieurs de centaines de milliers d’années. Puis l’avènement de l’agriculture il y a 12 000 ans environ, avec la culture de céréales, a mis fin au nomadisme de l’Homme et à son mode alimentaire ancestrale. Ce changement profond de notre mode de consommation s’est traduit par un inversement des apports journaliers des protéines vers les glucides (produits céréaliers principalement), car les animaux étaient utilisés à d’autres fins que celles de nous nourrir (élevage et exploitation agricole). Les protéines ont alors représenté 10% de notre apport quotidien. Quoiqu’il en soit, notre mode de consommation ancestrale s’est toujours adapté à ce que nous pouvions manger sur le moment, sans les possibilités de conservation actuelles que nous connaissons. En fonction de la saison, de l’endroit où nous nous trouvions (en forêt, près d’une source d’eau par exemple) et des outils à notre disposition, nous parvenions à nous nourrir. Ce qui est certain, c’est que nous avons de tout temps, jusqu’à l’avènement de l’agriculture (très récent dans l’histoire de l’Homme), consommer beaucoup de certains végétaux (pas tous) et de graisses et protéines animales (viandes, produits de la mer, abats et organes) en plus ou moins grande quantité.

Ce qu’il faut retenir

  • manger sain c’est manger brut ou le moins transformé possible
  • d’un point de vue évolutif, l’être humain est un omnivore
  • l’alimentation 100% végétale n’est pas fait pour l’Homme
  • l’alimentation 100% végétale implique donc une complémentation

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