Santé et physique : Le sel et le sucre au cœur du syndrome de famine interne

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La sagesse conventionnelle blâme l’obésité et le surpoids sur un déséquilibre entre la consommation de calories et la dépense énergétique. Manger plus de calories que nous en brûlons à travers l’activité physique en d’autres termes. C’est de là d’où vient le « manger moins, bouger plus ». Comme vous le savez peut-être par expérience personnelle, cette stratégie ne fonctionne pas pour tout le monde, ni même pour la plupart des gens. En effet, les théories alternatives du surpoids et de l’obésité se concentrent sur la qualité des calories consommées et comment elles nous affectent physiologiquement. Gary Taubes en parle d’ailleurs très bien dans son livre Good calories, Bad calories. Et beaucoup de preuves circonstancielles étayent ces affirmations.

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La découverte du syndrome métabolique de famine interne

Le concept de famine interne a d’abord été théorisé juste au moment où les « guerres de sel » ont commencé à partir de 1920. Il a ensuite fallu plusieurs décennies pour que ce concept soit validé et reconnu comme étant un syndrome métabolique. Sans aucun doute le principal responsable du surpoids et de l’obésité dans le monde, mais aussi du coup du diabète, des problèmes d’hypertension et de pathologies cardio-vasculaires.

C’est J. Babinski, un neurologue, qui en 1900 fut le premier à décrire ce phénomène, en l’appelant obésité hypothalamique. L’hypothalamus  étant la partie du cerveau qui contrôle la satiété et la faim. En 1940, un autre neurologue, feu S. W. Ranson, suggéra que l’obésité est une condition de semi-démarrage cellulaire cachée. Selon lui, cet état est déclenché par une pénurie de nutriments qui oblige le corps à augmenter sa consommation alimentaire, et/ou réduire sa dépense énergétique par moins d’activité physique. Conduisant à un gain de poids plus ou moins important. C’est vingt ans plus tard qu’ E. Astwood, endocrinologue et physiologiste, inventa le terme de famine interne pour décrire ce même phénomène.

Les rôles du sucre et du sel dans l’état de famine interne

Pendant près d’un siècle, de 1920 jusqu’à la fin des années 2000 environ, le sel et les graisses ont été rendu coupables à tort d’être les responsables du diabète et des problèmes de surpoids, et donc des problèmes de santé modernes liés, tels que l’obésité, l’hypertension artérielle et les nouvelles maladies cardio-vasculaires. Dans les années 50, dans un contexte d’après-guerre traduit par des directives politico-socio-économiques bien établies, les états-unis ont influencé le monde occidental en prônant le régime low-fat (faible en graisse) et donc high-carb (riche en sucres et glucides), et à (très) faible teneur en sel. De cette période a découlé tous les mensonges et idées reçues sur l’impact nocif que les graisses et le sel pouvaient avoir sur notre santé. Il n’en est en fait absolument rien, et c’est plutôt tout à fait le contraire !

En effet, l’augmentation croissante de notre circonférence a fait le parallèle avec notre apport accru en glucides raffinés, en sucre et en sirop à haute teneur en fructose. L’industrie sucrière voulant nous faire croire que tant que les gens font du sport pour dépenser des calories, il n’y aurait aucun impact nocif sur la santé. Dans le même temps, de nouvelles recherches ont mis clairement en évidence le fait que notre mode de vie de plus en plus sédentaire entraîne lui aussi des facteurs diététiques malsains (la mauvaise collation de minuit devant la télévision, le grignotage, manger des plats préparer ou du fast-food, etc.). Le hic, c’est qu’une alimentation riche en sucres et en glucides provoque des niveaux élevés d’insuline. Ce qui entraîne une chaîne de problèmes physiologiques et métaboliques que nous allons voir. Tout comme une consommation faible en sel peut provoquer. La combinaison des deux est explosive.

Une alimentation essentiellement glucidique conduit donc à des niveaux d’insuline élevés, puisque l’insuline est sécrétée uniquement en présence de sucre ou de glucides. Lorsque nos niveaux d’insuline sont élevés, le seul macronutriment que nous pouvons utiliser efficacement pour l’énergie est l’hydrate de carbone, c’est à dire les glucides et les sucres. En effet, des niveaux élevés d’insuline nous obligent essentiellement à manger plus de glucides parce qu’on ne peut pas facilement obtenir de l’énergie de quoi que ce soit d’autre (protéines et graisses).

La consommation de glucides raffinés déclenche alors une plus grande libération d’insuline, et le cycle se répète et se renforce, perpétuant sans cesse le problème des niveaux élevés d’insuline, ce qui à son tour, engendre la résistance à l’insuline. Lorsque la résistance à l’insuline entre en jeu, le corps est moins en mesure de faire la navette entre le glucose dans les cellules, et il a besoin de sécréter plus d’insuline afin de contrôler les niveaux de glucose sanguin. Ce niveau chroniquement élevé d’insuline maintient la graisse stockée et les protéines enfermées, les rendant indisponibles aux cellules qui en ont besoin.
Dans ce contexte, nos hormones (insuline, leptine, et d’autres) peuvent travailler contre nous, essentiellement détourner notre appétit et raviver notre désir pour des aliments plus malsains, et en même temps corrompre les processus internes qui régulent notre utilisation de graisse et de protéines pour l’énergie. C’est comme si nous ne pouvions plus gérer ou maîtriser nos comportement alimentaires et que notre corps était devenu un voyou dans la gestion de sa dépense et de son apport énergétique.

S’il est aujourd’hui évident et reconnu que le sucre déclenche une chaîne interne d’évènements qui affectent négativement notre composition corporelle et notre santé, une faible consommation de sel peut tout autant produire des effets physiologiques similaires, si ce n’est plus.

Consommer trop peu de sel peut mettre en mouvement une cascade malheureuse de changements qui entraînent : une résistance à l’insuline, une augmentation des envies de sucre, un appétit hors de contrôle (quelqu’un qui est en surpoids peut littéralement mourir de faim à l’intérieur), et finalement un état de famine interne, favorisant ainsi la prise de poids et d’autres problèmes encore plus graves.

Lorsque nous commençons à restreindre notre consommation de sel, notre corps fera tout pour essayer de s’y accrocher. Malheureusement, l’un des mécanismes de défense de l’organisme est d’augmenter les niveaux d’insuline. Il le fait en créant un état de résistance à l’insuline. En effet, la résistance à l’insuline est un mécanisme de défense.

Par ailleurs, par rapport à un apport normal en sel, les régimes à faible teneur en sel augmentent la synthèse des acides gras du foie, ce qui peut contribuer à la stéatose hépatique non alcoolique (SHNA), communément appelé « foie gras », et au stockage de graisses autour et dans les organes. Ce qui est très nocif et peut s’avérer mortel.

Les chercheurs ont constaté que l’activité du tissu adipeux brun – la bonne graisse qui brûle des calories – est réduite par un régime à faible teneur en sel, indiquant que les régimes faibles en sel peuvent abaisser notre taux métabolique basal, et peut alors contribuer au vieillissement accéléré. De plus, les hormones qui compensent pour aider le corps à retenir le sel (tels que la rénine et l’aldostérone) sont libérées en plus grande quantité. Ces hormones finissent aussi par augmenter l’absorption des graisses. En gros, comparé à une personne qui aurait un apport normal ou élevé en sel, un régime à faible teneur en sel peut vous amener à absorber deux fois plus de graisse pour chaque gramme de gras que vous consommez.

La combinaison d’une consommation constante de sucre industriels et rapides avec une sous-consommation (ou une absence) de sel peut véritablement se révéler dramatique pour notre organisme.

Comme nous l’avons vu, le manque de sel et le sucre entraînent chacun des niveaux d’insuline élevés (pré-résistance à l’insuline ou pré-diabète), qui est une étape préalable à la résistance à l’insuline (diabète). Et la résistance à l’insuline conduit finalement à l’état de famine interne. Les dernières recherchent mettent bien en évidence le fait qu’une faible consommation de sel encourage l’augmentation de notre consommation de sucre.

C’est donc le combo parfait pour créer un état de famine interne ultra-puissant. En effet, une consommation constante de sucres engendre à elle seule la résistance à l’insuline, et donc au final une sensation de faim continu (état de famine interne). Et le manque de sel (ou l’absence) dans notre alimentation quotidienne entraîne aussi à lui seul une résistance à l’insuline et donc le syndrome de famine interne. Le pire, c’est que la faible consommation de sel va amplifier considérablement cet état en encourageant la consommation de sucre, sachant que bien souvent, ce sont déjà des personnes qui consomment trop de glucides qui mangent peu de sel. Notamment parce que les régimes alimentaires des personnes diabétiques et/ou en surpoids (les personnes en surpoids ou obèses sont dans 99% des cas diabétiques) sont sans sel ou à très faible teneur en sel. Voyez-vous le massacre ! On les dirige tout droit dans le mur !

Risque de surpoids métabolique

Même si ces changements peuvent ne pas conduire systématiquement à l’accumulation de kilos en trop, le résultat est le même : ces changements physiologiques conduisent quelqu’un à devenir « métaboliquement en surpoids » ou obèse, même si cela n’est pas reflété comme un nombre plus élevé sur la balance ou comme un indice de masse corporelle (IMC) dans la catégorie des personnes en surpoids ou obèses de l’OMS ;

En d’autres termes, vous pouvez être gras et maigre. En anglais TOFI « thin on the outside, fat inside » alias « mince à l’extérieur et gras à l’intérieur »). Vous pouvez être TOFI si votre poids corporel est normal, mais vous avez une quantité disproportionnée de graisse viscérale, de tissu adipeux stocké dans votre abdomen, là où il est le plus nocif. En d’autres termes, votre poids pourrait rester dans la plage normale, mais vous pourriez certainement entraîné une accumulation dangereuse de graisse dans et autour de vos organes ainsi que la résistance à l’insuline et le syndrome métabolique de famine interne. Un groupe de conditions telles qu’une grande taille, une glycémie (taux de sucre dans le sang) à jeun élevée, une hypertension artérielle, des triglycérides élevés (graisses stockées en réserve), et un faible taux de cholestérol HDL (bon cholestérol) augmentent votre risque de développer une maladie cardiaque, du diabète et des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Avec le syndrome de famine interne, la résistance à l’insuline dégrade essentiellement le système de métabolisme des graisses de notre corps, nous encourageant à trop manger pour compenser toutes les calories qui sont vecteurs dans nos cellules adipeuses et enfermées là-bas. Cela peut nous donner l’impression que nous sommes affamés à l’intérieur alors qu’en fait nous prenons en même temps du poids. En outre, parce que notre corps ne peut pas accéder à son énergie stockée, l’exercice physique devient très peu attrayant. Au lieu de cela, notre cerveau et notre corps se mettent en mode « conservation des calories » plutôt qu’en mode « dépense d’énergie », puisque nous sommes littéralement affamés d’énergie utilisable.

Bouleversement de la fonction thyroïdienne

Si vous réduisez considérablement votre consommation de sel, vous pourriez également développer une carence en iode, puisque le sel de table (non-raffiné) est notre meilleure source d’iode. C’est important et problématique, car l’iode est nécessaire pour une bonne fonction thyroïdienne : si la fonction thyroïdienne plonge, vous pourriez développer l’hypothyroïdie, une condition dans laquelle votre taux métabolique ralentit, plus de graisse est stockée (surtout dans les organes), la résistance à l’insuline se développe, et le gain de poids se produit, encore un autre mécanisme qui peut conduire à l’état de famine interne.

Perturbation cellulaire

Les régimes à faible teneur en sel augmentent le risque de déshydratation globale (et donc de déshydratation cellulaire). C’est un problème parce que les cellules généralement bien hydratées fonctionnent beaucoup plus efficacement et consomment moins d’énergie que les cellules déshydratées. Moins il y a d’énergie disponible dans notre corps, plus l’état de famine interne est élevé, et plus nous aurons tendance à consommer davantage de calories.

En conclusion

Les études démontrent qu’une consommation de sel normale ou élevée réduit considérablement notre envie de sucre, et donc fatalement sa consommation, réduisant ou enrayant le processus du syndrome de famine interne. Replacer le sel au centre de notre alimentation et contrôler notre consommation de glucides (quantité, nature et timing) permet d’éviter ce syndrome métabolique et l’avalanche de problèmes qui en découle sur notre santé.

Ce qu’il faut retenir

  • consommer du sel tous les jours selon votre envie (sel non-raffiné)
  • mériter ses glucides (en fonction du niveau d’activité journalière)
  • manger des glucides de qualité (produit naturel, indice glycémique bas à modéré)
  • limiter ou au mieux arrêter les produits industriels à base de sucres raffinés et de graisses artificielles
  • donner la priorité aux protéines et aux graisses naturelles

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