Depuis la fin des années 60, nous évoluons dans une société où l’industrie agroalimentaire s’est incrustée progressivement dans nos assiettes. Elle a façonné de nouvelles habitudes alimentaires et a modifié notre conception du repas, en s’appuyant sur la modernisation d’un mode de vie occidental, où cuisiner s’est retrouvé reléguer au rang de tâche. La modification de notre mode de vi (métro-boulot-famille-loisirs-divertissements-dodo) a facilité et accéléré la mise en place d’un mode alimentaire industriel et déconnecté de la réalité: notre réalité humaine et celle de la nature dont nous faisons parti.
Nous avons confié à des usines industrielles la fabrication de nos repas, avec ses produits artificiels et transformés, au détriment d’aliments et de produits naturels, bruts, de saison, sans pesticides ni additifs ou colorants. Le « tout saison », le « prêt-à-manger », le pasteurisé et UHT, les produits non périssables, et les aliments ultra-transformés ont largement pris le dessus sur une alimentation humainement naturelle, à travers l’intensification de l’exploitation agricole (céréalière et végétale) et l’amplification de l’industrialisation.
Il existe de nombreuses bonnes raisons de manger biologique, mais j’ai choisi de vous parler des raisons les plus importantes.
Actuellement, avec le recul suffisant que nous avons, nous savons que l’exposition alimentaire aux pesticides augmente considérablement le risque de cancer de l’estomac et de l’appareil digestif. Mais il est fort probable qu’il y ait d’autres effets néfastes pour notre santé que l’on ne connait pas encore.
L’agriculture et l’élevage biologiques représentent un mode de production respectueux de l’environnement et du bien-être animal. Pour cela, l’utilisation de produits chimiques de synthèse est proscrite. Pesticides, engrais ou encore herbicides sont exclus de ce mode de production qui a pour objectif la préservation de tous les mécanismes de la vie à tous les stades de l’exploitation.
En s’articulant autour du recyclage des matières organiques (compostage), de l’utilisation d’engrais verts ou encore de la rotation de culture, l’agriculture organique permet de limiter largement l’absorption de produits chimiques très présents dans les produits d’agriculture non bio. Concernant l’élevage animal biologique, les conditions de vie respectent le bien-être animal, et l’alimentation des animaux interdit ce qui est industriel et transformé comme les OGM (organismes génétiquement modifiés) ou les antibiotiques.
La qualité des apports nutritionnels provenant d’animaux élevés selon un mode biologique et de végétaux de saison sans pesticides est optimale pour l’organisme. En effet, une alimentation organique contient des micronutriments d’une haute valeur biologique, représentés par les minéraux et les vitamines. Ces molécules sont absolument indispensables au bon fonctionnement de notre organisme: fer, iode, cuivre, zinc, sélénium, sodium, potassium, magnésium, calcium, phosphore, et les vitamines A, B, C, D, E, et K.
Pour les végétaux, le recours à des circuits courts par la valorisation de filières locales, laisse aux fruits et aux légumes le temps nécessaire pour mûrir. Ce temps de maturation permet aux fruits et aux légumes de se gorger suffisamment et naturellement en matière de nutriments. En plus de la qualité, les plantes bio ont même une quantité plus importante de vitamines et de minéraux, et de matière sèche, que ceux issus d’une agriculture intensive.
Concernant la consommation d’animaux, c’est davantage les produits animaux qui vont être de meilleure qualité que la chaire animale elle-même. On retrouve les œufs, le fromage, le beurre, la crème, et le lait. Dans le cas du bio et surtout d’une production cru, ces produits sont de véritables trésor nutritionnels, notamment pour leur apport en oméga-3. Mais pour en obtenir les bienfaits, il est essentiel que la production de ses produits soit cru, c’est à dire non-pasteurisée.
Des études ont largement mis en avant les effets cancérigènes liés à l’absorption récurrente de produits industriels comme les sodas, les plats préparés, les produits apéritifs, les gâteaux, bonbons, barres chocolatées et viennoiseries.
L’aliment, dans le cadre de l’industrie agroalimentaire, subit une transformation plus ou moins grande (de semi-transformé à ultra-transformé) par différents procédés : séparation et modification des molécules (comme le blé), ajout d’additifs, de conservateurs, d’exhausteurs de goût, de colorants, d’agents texturant, de produits raffinés, de graisses hydrogénées et de sucres artificiels. Tout ceci permet d’agir sur la durée de conservation, la texture, la saveur, l’odeur, et bien entendu, l’addiction du consommateur.
C’est évidemment le principal objectif de l’industrie agro-alimentaire: rendre addict (comprenez « drogué ») le consommateur, pour que son désir de manger tel ou tel aliment soit rendu régulier, ininterrompu, cyclique et prenne le dessus sur les effets néfastes – souvent connus – sur sa santé. C’est la même logique que pour un fumeur: il sait que fumer tue, mais son addiction est plus « forte » que sa raison et l’évidence du fait.
Manger bio permet de se libérer de ce conditionnement alimentaire engendrée par cette addiction industriel car vous allez changer votre comportement et vos choix alimentaires. Même s’il existe des produits transformés bio, le manger bio permet tout de même d’avoir davantage recours à des aliments naturels bruts, non-raffinés, sans toute cette armée d’agents artificiels que l’industrie agro-alimentaire propose. En consommant bio, nous allons naturellement favoriser des produits bruts et locaux et donc limiter notre consommation de produits transformés. Mais attention tout de même à ne pas tomber dans le piège du « c’est bio donc c’est bon ». Un produit transformé, biologique ou pas, reste un produit transformé. Prenez toujours le soin de regarder la composition du produit et de manière générale, privilégiez uniquement les aliments semi-transformé comme la farine par exemple.
La combinaison du respect de la saisonnalité, du temps de maturation et d’une culture réalisée en sol permet l’obtention d’aliments plus savoureux. Manger une tomate entre juillet et octobre, cultivée en plein champs, ayant eu le temps d’arriver à terme aura bien plus de saveur qu’une tomate ayant mûri dans un camion, issue d’une culture hors-sol et sous serre.
Manger bio, c’est retrouver la saveur originelle de produits bruts, et par conséquent, c’est aussi prendre soin de son « palais des saveurs ». Nous recyclons nos papilles linguales tous les 10 jours. Cela veut dire que nous devons sans cesse les stimuler, car chaque jour un certain nombre de papilles finissent leur vie, tandis que d’autres naissent pour vivre et nous servir une dizaine de jours.
La perte progressive du goût (comme de l’odorat) est un des premiers signes de ces deux maladies auto-immunes que sont l’Alzheimer et le Parkinson. Consommer des produits biologiques (animaux et végétaux) non transformés, 100% bruts, au goût authentique est un premier pas vers la lutte contre ces maladies.
Pour commercialiser leurs produits comme étant issus de l’agriculture biologique, agriculteurs et entreprises de collecte, de transformation et de distribution doivent obligatoirement faire contrôler et certifier leur activité par un organisme accrédité et agréé par les pouvoirs publics, pour sa compétence, son indépendance et son impartialité.
En outre, ils doivent notifier leur activité auprès de l’Agence BIO. Des contrôles approfondis et inopinés (pouvant aller jusqu’à 4 ou 5 par an pour certains opérateurs) sont réalisés par les organismes certificateurs. Ils portent sur l’ensemble du système de production (parcelles de terre, troupeaux, pratiques de culture et d’élevage, lieux de stockage, transformation, étiquetage, comptabilité matière, conformité des recettes et produits correspondants, garanties données par les fournisseurs).
Ils s’ajoutent à ceux effectués de façon générale par les Autorités françaises sur l’ensemble des produits agricoles et alimentaires. Des prélèvements pour analyses sont effectués par sondage afin de vérifier la non utilisation de produits interdits (pesticides, OGM, engrais, etc.). Au regard des résultats obtenus, un certificat est délivré pour les produits jugés conformes aux réglementations européennes et françaises en vigueur. Ainsi, contrairement aux produits industriels, les produits issus de l’agriculture biologique offrent une certification en matière de traçabilité. La production et ses procédés sont contrôlés et certifiés par des labels dont le fameux logo AB pour la France et celle de la feuille verte européenne.
En conclusion
Manger bio, ce n’est pas qu’acheter des produits organiques. Consommer bio, c’est avant tout un état d’esprit. C’est revenir aux sources d’une alimentation raisonnée, de saison et de proximité. C’est adopter un mode de vie plus respectueux de sa santé, de son environnement et de l’économie locale.
C’est aussi un choix politique car vous refusez de participer à l’enrichissement de l’industrie qui détruit la santé de l’être humain, maltraite les animaux, endommage les sols et pollue la planète. En mangeant bio, vous agissez avec votre carte bleue comme avec un bulletin de vote: vous faites le choix de renoncer à l’industrie agroalimentaire et de favoriser une meilleure qualité de vie globale, pour vous et autour de vous.
Ce qu’il faut retenir
- manger bio c’est se reconnecter à son environnement local en privilégiant des produits de proximité
- manger bio c’est être en harmonie avec les saisons et acheter brut le plus possible
- manger bio c’est voir et refuser ce qu’implique l’action de l’industrie agro-alimentaire sur notre santé et celle de l’environnement