Le secteur de transformation du lait engrange d’énormes profits pendant la 1ère guerre mondiale grâce à l’action gouvernementale pour les produits laitiers en conserve à servir aux soldats. Des régions agricoles entières aux USA, en Espagne, en France, en Angleterre sont aspirées dans cette demande de production laitière. La fin de la guerre entraîne naturellement une baisse de la production et c’est comme cela que les industriels du lait vont promouvoir le lait concentré auprès des mères. Tout le monde et surtout ceux qui dépendaient des USA et de leur modèle agricole pour se reconstruire imitèrent les États-Unis.
L’évolution de l’industrie laitière a en fait connu un bond énorme grâce à une initiative anglaise de 1934 – le Milk Act – dont l’objectif a été d’intégrer le lait dans les écoles. En 1939, plus de la moitié des collégiens du Pays de Galles et 9 écoliers sur 10 en Angletterre doivent boire leur verre de lait quotidien. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en 1940, un programme de distribution de lait est mis en place outre atlantique, à Chicago puis à New-York. Une année après, les écoles du Nebraska, de l’Utah, de l’Alabama, du Missouri et du Massachusetts s’y mettent aussi.
Le programme est dans l’ensemble des états américains dés 1943. Puis c’est étendu aux crèches, aux garderies, aux centres de soins et aux camps de vacances. Et à la fin des années 1960, ce programme de distribution de lait intègre tous les restaurants d’établissements scolaires.
La France a suivi à son rythme. En 1950, l’Etat français impose d’abord la vente de lait pasteurisé en bouteilles dans les villes de plus de 20 000 habitants. Puis en 1954, Pierre Mendès-France en qualité de président du conseil, met en place une mesure visant à distribuer un verre de lait avec du sucre pour tous les enfants du primaire. Le lait devint alors aussi nécessaire que l’eau. Pierre-Mendès France considérait à la fois le lait comme un antidote face à l’alcoolisme qui ravageait le pays et comme un aliment nutritif et complet qui aiderait au redressement du pays après la deuxième Guerre mondiale. Mais ce comportement a été en fait calqué sur ce qui se passait en Amérique avec les recommandations des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO – Food and Agriculture Organization) qui prônaient un mode alimentaire – à base de glucides (sucre et céréales) et de laitages – qui sous-tendent d’ailleurs encore les recommandations nutritionnelles actuelles. L’agriculture européenne d’après guerre s’est ainsi reconstruite sur ces directions.